Les Bourreurs

Publié le par hologne

La veille, il est rentré plus tôt que la normale et n'a pas profité des bons moments d'euphorie qui suivent le feu d'artifice de la Gare.

Il est le premier à servir le Gille à l'aube du Mardi Gras et déjà, il se concentre pour que ce moment soit un bon départ pour la fête préparée depuis tant de mois.

"Le Bourreur doit se lever très tôt (3h30) car beaucoup de gilles partent bien avant le lever du jour.

Généralement, le bourreur prend en charge plusieurs Gilles mais pas nécessairement au même endroit. Il doit donc veiller à ne pas faire attendre les différents départs de chacun d'eux en planifiant judicieusement sa tournée.

Pour ma part, je 'bourre' 6 Gilles : les premiers se trouvent assez loin du centre et doivent donc être 'bourrés' vers 4h, les derniers le seront vers 6h30."

Au 'Bonjour Jean-Jacques !' , il répond hâtivement et, afin de vérifier si tout est prêt, se dirige rapidement dans la pièce où le Gille sera bourré.

"Le premier travail consiste à préparer la paille d'avoine et d'esturgeon, enlever les chardons et autres herbes qui pourraient piquer ou provoquer des démangeaisons, ensuite les 'torquettes' - petites torches de paille - que l'on place sur le dessus des bosses devant et derrière. Auparavant, on met le 'mouchoir de cou' qui protègera le cou des frottements de la toile et empêchera la paille de piquer la gorge du Gille.

On passe ensuite la veste et on serre l'encolure pour commencer à mettre en forme la bosse avec les 'torquettes' en bourrant littéralement de paille cette blouse ample en veillant à ce que les bosses soient bien régulières, bien rondes, ni trop serrées ou trop peu, en laissant les bras libres de se mouvoir sans aucune gêne.

La blouse est alors serrée à la taille par un cordon en passement. On essaie alors d'accrocher 'l'appertintaille', le 'grelot' ainsi que la 'colerette' qui doit poser naturellement sur les épaules et les bosses. Celle-ci est fixée par de petites épingles.

Ensuite, c'est la pose de la 'barette' et du second mouchoir de cou qui est plié d'une façon spéciale pour qu'il tienne fermement mais sans trop de gêne.

Ce travail est, par tradition, toujours réalisé par la mère ou l'épouse du Gille très fière de mettre sa touche personnelle à l'habillage de son Gille.

Je me sauve, car les autres attendent."

Et c'est avec le dernier Gille bourré qu'il prendra enfin le temps de savourer LE verre bien mérité.

Tout s'est très bien passé; je perçois sur son visage l'énorme satisfaction d'avoir pleinement accompli son rôle.

Son service terminé, il revient déjeuner puis, repart de suite pour apprécier totalement 'ses' Gilles qui dansent désormais dans leur 'Société'.

Là encore, d'un oeil critique, il observera les bosses, l'allure fière et imposante du personnage et pourra penser que lui aussi, il 'fait' le Gille.

source :  http://www.carnavaldebinche.be/page.phtml?rub=contenu&div=6&id=30

Publié dans gille

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